• La CIA reconnaît son implication dans le coup d'Etat iranien de 1953

    RÉCIT Des documents récemment déclassifiés confirment le rôle des Américains dans le putsch contre le Premier ministre Mohamed Mossadegh.

     

    Par MARIE-VIOLETTE BERNARD

    Soixante ans après le coup d’Etat qui a renversé le Premier ministre iranien Mohamed Mossadegh, le 18 août 1953, la CIA reconnaît pour la première fois avoir ochestré ce putsch dans des documents récemment déclassifiés. Les Archives de la sécurité nationale ont publié lundi sur leur site plusieurs documents internes, notamment le rapport d'un historien de l’agence américaine du renseigment datant des années 1970. Un groupe de chercheurs de l’université George Washington a obtenu ces documents grâce à la loi sur la liberté des informations, obligeant les agences fédérales américaines à transmettre leurs documents internes à quiconque en fait la demande.

     

    «Le coup d’Etat militaire qui a renversé Mossadegh et son cabinet de Front national a été mené sous la direction de la CIA dans un acte de politique étrangère», est-il écrit dans ces documents. Les Etats-Unis avaient en effet décidé d’appuyer le Royaume-Uni, placé dans une situation délicate après la nationalisation en 1951 de l’Anglo-Iranian Oil Company, l’ancêtre de BP, par Mohamed Mossadegh. Washington craignait à l’époque que les Soviétiques n’envahissent l’Iran, dans un contexte de guerre froide. «Non seulement le pétrole iranien aurait alors été irrémédiablement perdu pour l’Ouest, mais la chaîne de défense autour de l’Union soviétique, une composante de la politique étrangère américaine, aurait été rompue», justifient les auteurs des rapports.

     

    Les Etats-Unis ont orchestré le renversement de Mohamed Mossadegh lors d'une opération secrète dont le nom de code était TPAJAX. Le complot, reposant sur des collaborateurs locaux, consistait notamment à affaiblir le Premier ministre par une campagne de propagande, à forcer le chah à coopérer, à soudoyer les membres du Parlement iranien et à organiser des manifestations, rapporte le magazine américain Foreign Policy. Après le coup d’Etat, le chah Mohammad Reza Pahlavi fut mis sur le trône et demeura un proche allié de Washington jusqu’à son renversement lors de la révolution islamique de 1979.

     

    Le Shah d'Iran et l'Impératrice Soraya venant de Bagdad, arrivent à l'aéroport de Rome le 18 août 1953.

     

    Le nouveau chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi et l’Impératrice Soraya à l’aéroport de Rome le 18 août 1953. (Photo archive AFP)

     

    Un secret de polichinelle

     

    Le rôle de la CIA dans ce putsch, un secret de polichinelle depuis des années, hante toujours les relations entre les Etats-Unis et l’Iran. La secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright, pour tenter d’améliorer les relations avec Téhéran, avait déjà admis en 2000 que les Etats-Unis avaient «joué un rôle significatif» dans le renversement de Mossadegh. Et d’ajouter qu’il s’agissait d’un «revers pour le développement politique de l’Iran». Le président Barack Obama avait lui aussi reconnu le rôle des Etats-Unis lors de son discours au Caire en 2009.

     

    Extraits du document relatif à l'opération secrète :

     

     

     

     

    Néanmoins, la position est toute autre au Royaume-Uni, qui a lui aussi participé à l’orchestration de ce putsch. Les documents révèlent ainsi que les Britanniques ont empêché leurs alliés de déclassifier ces «informations embarrassantes» dans les années 1970. Bien que l’ancien ministre des Affaires étrangères anglais Jack Straw ait publiquement reconnu en 2009 les «interférences» du Royaume-Uni dans la vie politique iranienne du XXe siècle, le gouvernement britannique s’est refusé lundi à confirmer son implication dans le coup d’Etat, rapporte le Guardian.

     

     

    Un certain nombre de documents concernant le coup d’Etat de 1953 sont aujourd’hui encore classifiés. Malcolm Byrne, le directeur adjoint des Archives de la sécurité nationale, a appelé les autorités américaines à publier le reste des rapports sur cette affaire. «Il n’y a plus de raison valable à garder secret un épisode si important de notre histoire récente», a-t-il expliqué lundi. «Etouffer ces détails ne fait que dénaturer l’Histoire et participe à la création de mythes de chaque côté», conclut-il. L’administration américaine, qui a précédemment exprimé ses regrets au sujet de ce putsch, n’a jusqu’ici jamais présenté d’excuses officielles.

    Source : http://www.liberation.fr

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