• le miracle de l’Hudson River

    155 passagers d'un Airbus échappent à la mort grâce à l'héroïsme d'un pilote de l'US Airways.

    Jeudi après-midi, les habitants de Manhattan qui regardent par leur fenêtre à 15h31 croient revivre l'épreuve traumatique des attentats du 11 septembre 2001. Un Airbus A320 de la compagnie américaine US Airways, qui vient de décoller de l'aéroport new-yorkais de LaGuardia, s'écrase dans l'Hudson. Un peu plus d'une demi-heure plus tard, les médias parlent déjà de miracle. Tous les passagers seraient sains et saufs. Récit d'un vol banal qui va connaître un dénouement extraordinaire.

    • Vol 1549 pour Charlotte

    En ce jeudi après-midi 15 janvier, l'air de New York est piquant, mais le ciel est clair. L'Airbus A320 de l'US Airways décolle à 15h26 de l'aéroport de LaGuardia avec 155 passagers à bord. Destination: Charlotte en Caroline du Nord. Durée du vol: deux heures 13 minutes. Le commandant de bord de l'appareil, Chesley Sullenberger, 57 ans, ancien pilote de l'US Air Force, instructeur et expert en accidents aériens, survole le Bronx. Après moins de deux minutes, alors que l'avion est déjà à 3200 pieds (environ 1000 mètres), il signale aux contrôleurs aériens que des oiseaux ont mis à mal ses deux réacteurs. La zone passe pour être infestée d'oies sauvages. Digne de Hitchcock, l'attaque des volatiles a dû être massive pour stopper à quelques secondes d'intervalle - fait très rare - les deux moteurs qui sont pourtant capables d'ingurgiter des oiseaux jusqu'à deux kilos. Des passagers témoigneront plus tard. Bill Zuhoski était assis à la place 23 A. Il a entendu un «big bang». Un autre passager, Fred Baretta, raconte qu'il a vu des flammes sortir du réacteur gauche. «Il y a eu tout à coup un grand silence, les deux moteurs étaient morts et l'avion planait dangereusement au-dessus d'une des zones les plus peuplées du pays.» Beaucoup priaient.

    • Le choix fatidique

    A 15h28, la tour de contrôle conseille au commandant de bord de tenter un atterrissage d'urgence à l'aéroport de Teterboro, dans le New Jersey, à une quinzaine de kilomètres. Contre toute attente, Chesley Sullenberger ne suit pas ce conseil. A priori, l'appareil ne dispose plus de l'énergie suffisante pour atteindre la piste d'atterrissage de Teterboro. Il annonce qu'il va entreprendre un amerrissage dans l'Hudson. Il prononce la phrase consacrée à l'intention des passagers: «Préparez-vous à l'impact.» Les passagers se plient vers l'avant, la tête entre les mains et les pieds au sol. L'Airbus passe à 900 pieds au-dessus du pont George Washington. A 15h31, il se pose, sans avoir sorti le train d'atterrissage, à environ 250 km/h, dans les eaux glacées (6 degrés) de l'Hudson , produisant une gigantesque gerbe. Premier miracle: l'avion, 123 pieds de long et plus de 81 tonnes, est entier et flotte. Mais il y a urgence. Les courants du fleuve font dériver l'avion. A l'intérieur de l'appareil, des passagers ont perdu leurs lunettes lors de l'impact. Certains pensent que l'atterrissage a eu lieu sur la terre ferme. Après le silence, la panique. Plusieurs d'entre eux se précipitent à l'arrière de l'avion vers ce qu'ils croient être une issue de secours. Mais malgré la relative étanchéité de l'Airbus, l'eau commence à s'engouffrer. Un passager anticipe déjà. Il se met en caleçon, pensant qu'ainsi il pourra mieux nager. Parmi les derniers à quitter l'appareil, il plonge dans l'eau et nage jusqu'à une petite embarcation qui flottait le long du Hudson. Des rescapés l'aident à monter à bord et chacun enlève un habit pour l'aider à supporter la température sibérienne. Deux plongeurs de la police sautent d'un hélicoptère pour sauver deux femmes tombées dans l'eau et dans un état d'hypothermie avancée. Au total, tous sont saufs. On dénombre néanmoins 88 blessés répartis dans les hôpitaux de New York et du New Jersey.

    • Le miracle: une conjonction de chance et de professionnalisme

    Le choix d'amerrir sur l'Hudson s'avère avoir été le bon. Le plan d'eau est plat. De plus, une armada de ferries, de remorqueurs, de bateaux de police et de pompiers sillonne le fleuve. Immédiatement après l'amerrissage, la plupart vont à la rescousse d'éventuels rescapés. Les médias américains sont tous unanimes. Il s'agit d'un miracle. Ancien commandant de bord chez Swissair et Swiss, François Clavadetscher reste plus pragmatique. A ses yeux, la formation du pilote et des conditions favorables ont permis l'issue heureuse de cet accident. «Au vu des gros problèmes de moteurs, il a fallu voler de la façon la plus économique possible, avec un empennage horizontal qui ne freine pas trop l'appareil. Il ne fallait pas voler non plus avec un centre de gravité trop à l'arrière. C'est dangereux et cela risque de provoquer une vrille plate.» L'assiette idéale de l'avion est de 11 degrés. Ne pas la respecter, c'est risquer de rompre les ailes à l'impact et de faire plonger l'appareil dans le lit du fleuve.

    L'ex-instructeur de vol relève que la visibilité était très bonne. De plus, l'appareil n'était probablement pas très lourd. Un Airbus A320 a une capacité de 9 à 10 tonnes de carburant. Pour un vol aussi court, il devait en avoir un peu plus de 5 tonnes. Dans la cabine, on comptait de nombreux hommes et femmes d'affaires dont les bagages sont très légers.

    Quand il était encore pilote de ligne, François Clavadetscher aurait été prêt, avoue-t-il, à amerrir sur le lac Léman si une panne de tous les réacteurs était intervenue. Pour ce qui est de l'avion de l'US Airways, l'ex-pilote de Swissair pense que l'appareil n'avait pas encore commencé la phase d'accélération après le décollage: «Les hypersustentateurs, les volets d'atterrissage et les becs d'ailes devaient encore être sortis. Cela a permis d'accroître le quotient de portance. Le pilote a aussi bénéficié d'un équipement moderne. Avec la panne, il a dû y avoir une carence d'énergie. Mais dans ces cas, une éolienne se met automatiquement en route, alimente les instruments essentiels de pilotage et apporte l'énergie hydraulique nécessaire pour la manœuvre. Quant au fuselage, il est solide. Ce n'est pas étonnant qu'il n'ait pas rompu.» Avant d'amerrir face au vent, toutes les écoutilles, vannes de pressurisation ont dû être fermées.

    Quant à Chesley Sullenberger, dit Sully, il est devenu le type de héros que l'Amérique affectionne. Son épouse, Lorrie, n'était au courant de rien. Elle n'a appris l'acte de sang-froid de son mari que lorsque celui-ci l'a appelée, jeudi, dans une après-midi presque ordinaire.

    Source : http://www.letemps.ch
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