• l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto tuée dans un attentat suic

    L'ex-Premier ministre pakistanais et leader de l'opposition Benazir Bhutto a été tuée jeudi dans un attentat suicide qui a fait au moins 16 autres morts à l'issue d'un meeting électoral dans la banlieue d'Islamabad, à deux semaines des législatives.




    Des partisans de Benazir Bhutto sur les lieux de l'attentat à Rawalpindi, le 27 décembre 2007


    "Selon nos informations, elle est décédée, un fragment de la bombe l'a apparemment touchée", a annoncé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Javed Cheema.


    Elle avait été transportée blessée à l'hôpital, avait assuré peu avant à l'AFP un responsable de son parti.

    L'attentat a été perpétré à Rawalpindi, une grande ville qui jouxte la capitale pakistanaise. Immédiatement après le drame, plusieurs corps déchiquetés jonchaient la route, a témoigné un journaliste de l'AFP sur place.

     

    Au moins 16 personnes, en plus de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, ont en outre été tuées dans cet attentat suicide qui a également fait au moins 56 blessés, a annoncé le gouvernement du Pakistan.

     

    "Un kamikaze a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui alors que les gens quittaient le meeting", a précisé Javed Cheema.

     

    Quelques heures après sa mort, le président du Pakistan Pervez Musharraf a appelé à la paix, a annoncé la télévision d'Etat.

     

    Le chef de l'Etat, qui présidait une réunion d'urgence de son gouvernement et des autorités militaires au plais présidentiel à Islamabad, a appelé ses concitoyens à rester calmes pour "que les desseins diaboliques des terroristes soient mis en échec".

     

    L'ex-Premier ministre Nawaz Sharif s'est lui adressé à la foule massée devant l'hôpital où Mme Bhutto est décédée.

     

    "Je vous promets que je mènerai votre guerre à partir de maintenant", a-t-il lancé aux partisans de Mme Bhutto et aux nombreuses autres personnes dont bon nombre pleuraient.

     

    "Je partage votre douleur et votre chagrin, avec la nation tout entière", a-t-il ajouté.

     

    Les Etats-Unis ont condamné "cet attentat qui montre qu'il y a des gens là-bas qui essayent d'interrompre la construction d'une démocratie au Pakistan", a déclaré un porte-parole du département d'Etat, Tom Casey.

     

    Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband s'est de son côté déclaré "profondemment choqué" par l'attentat qui a provoqué la mort de l'ex-Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto jeudi, appelant "à la retenue mais aussi à l'unité".

     

    En France, le chef de la diplomatie Bernard Kouchner a exprimé sa "très grande émotion" et condamné fermement "l'acte odieux", a déclaré jeudi son ministère.

     

    La Russie également "condamne fermement" l'attentat suicide, a déclaré la diplomatie russe citée par les agences russes.

     

    "Nous condamnons fermement cet attentat, présentons nos condoléances aux proches de Benazir Bhutto et espérons que la direction du Pakistan va réussir à prendre les mesures nécessaires pour assurer la stabilité dans le pays", a indiqué le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Mikhaïl Kamynine cité par l'agence Interfax.

     

    L'Inde enfin a qualifié "d'acte abominable" l'assassinat de Benazir Bhutto

     

    Ce drame est le dernier d'une série record d'attentats suicides dans l'histoire du Pakistan, qui ont fait plus de 780 morts en 2007.

     

    Le plus meurtrier, pour l'heure, avait déjà visé une manifestation du parti de Mme Bhutto: le 18 octobre, deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient, à Karachi, la grande ville du sud, le retour de l'ex-Premier ministre après six années d'exil.

     

    Mme Bhutto avait réchappé du double attentat parce qu'elle se trouvait à l'intérieur d'un camion blindé en tête du défilé.

     

    Depuis lors, les autorités ont multiplié les avertissements, assurant que des informations "précises" permettaient de penser que les terroristes islamistes voulaient attenter à sa vie.

     

    Après l'attentat du 18 octobre, Mme Bhutto avait accusé à plusieurs reprises des "hauts responsables" proches du pouvoir et des membres des services de renseignements d'être à l'origine de cette attaque, sans jamais le prouver.

     

    L'ex-Premier ministre dirigeait le principal parti de l'opposition au président Pervez Musharraf, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) depuis qu'elle lui avait tourné le dos début novembre après avoir négocié, dans un premier temps, un accord de partage du pouvoir qui lui avait permis de rentrer d'exil grâce à une amnistie mettant un terme à des poursuites pour corruption du temps où elle dirigeait le pays (1988-1990 et 1993-1996).

     

    C'est précisément en invoquant notamment la menace terroriste islamiste que M. Musharraf avait instauré l'état d'urgence le 3 novembre. Après quelques jours de tergiversations, Mme Bhutto avait mis un terme à ses négociations avec le chef de l'Etat pour un partage du pouvoir dans la perspective des élections législatives et provinciales prévues pour le 8 janvier et était entrée dans l'opposition.

     

    Face à la pression intense de la communauté internationale et de l'opposition, M. Musharraf, qui a été réélu pour un second mandat le 6 octobre par les assemblées sortantes, avait finalement levé l'état d'urgence le 15 décembre et promis de tout faire pour assurer la sécurité de la campagne électorale et des opérations de vote.

     

    Mme Butto menait campagne contre M. Musharraf mais surtout contre les fondamentalistes musulmans, en promettant d'"éliminer la menace islamiste" du pays.

     

    L'année 2007 a connu un record absolu du nombre d'attentats.

     

    Avec celui de vendredi, plus de 780 personnes ont été tuées cette année à travers le pays, quasi exclusivement par des kamikazes.

     

    Les Etats-Unis, dont le Pakistan de M. Musharraf est l'allié-clé dans leur "guerre contre le terrorisme", estiment qu'Al-Qaïda et les talibans afghans, épaulés par des militants locaux, ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales du nord-ouest, d'où ils menacent de nouveau les Etats-Unis.

     

    Après le siège puis l'assaut de la Mosquée rouge d'Islamabad début juillet, dans lequel une centaine de fondamentalistes lourdement armés ont été tués, Oussama ben Laden lui-même avait déclaré le djihad, la "guerre sainte", à M. Musharraf et son régime, pour venger ces "martyrs".

     

    Et récemment, un commandant proche des talibans a annoncé, selon la presse pakistanaise, qu'il ferait tout pour empêcher les élections.

    source : tv5.org

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