Les sept membres espagnols de l'équipage de l'avion affrété par l'association française Arche de Zoé pour emmener en France, jeudi, 103 enfants originaires de cette région à cheval entre le Tchad et le Soudan, étaient également "retenus" par la police, mais leur statut n'était pas clairement défini.
L'avion de la compagnie espagnole Girget était immobilisé à l'aérodrome d'Abéché, où la police est intervenue jeudi pour stopper l'opération, a constaté une journaliste de l'AFP.
Les neuf Français, dont trois journalistes et des membres de l'association, "sont encore en garde à vue", a déclaré à l'AFP le ministre tchadien de la Justice Albert Pahimi Padacké, joint à Abéché.
Prié de dire s'ils avaient été inculpés, il a répondu qu'une réunion était en cours.
Plusieurs ministres, le gouverneur d'Abéché et de hauts responsables judiciaires y participaient, selon la journaliste de l'AFP.
La télévision tchadienne a diffusé vendredi des images des neuf Français, menottés et assis à même le sol du centre social d'Abéché où ont été accueillis les enfants âgés d'un à huit ans. Les sept Espagnols, sans liens, étaient également visibles.
Le reportage a été tourné lors de la visite du président tchadien Idriss Deby Itno, qui a accusé l'Arche de Zoé d'"enlèvement pur et simple", promettant de sanctionner "sévèrement" les auteurs de l'opération.
Les Français ont été reconduits au commissariat où le consul de France a pu les rencontrer.
En France et à l'étranger, l'Arche de Zoé se trouve au coeur d'une intense polémique sur ses intentions réelles.
Ses dirigeants affirment avoir monté l' opération pour "sauver de la mort" des "orphelins" affectés par la guerre civile au Darfour (ouest du Soudan) où le conflit a fait 200.000 morts et 2,1 millions de déplacés, selon l'ONU.
Les enfants sont bien "orphelins" et les Tchadiens "étaient au courant" de l'opération, a assuré un pilote belge qui a transporté ces 22 fillettes et 81 garçons jusqu'à Abéché ces dernières semaines.
Les enfants devaient être "accueillis" par des familles en France, moyennant finances selon une source diplomatique.
De son côté, un responsable de l'Arche de Zoé, Christophe Letien, a reproché à Paris de n'avoir jamais clairement interdit l'opération: "On nous a laissé faire jusqu'à la fin".
Les membres de l'association mettent en avant le fait que l'armée française, dotée d'un dispositif militaire au Tchad, a reconnu avoir transporté des personnes participant à l'opération à l'intérieur de ce pays.
Or, la secrétaire d'Etat française aux Affaires étrangères et aux Droits de l'Homme Rama Yade a dit à plusieurs reprises qu'elle jugeait l'opération "illégale" et "irresponsable".
"On a fait tout ce qu'on avait à faire pour interdire, pour empêcher cette opération. Après, ils l'ont menée de manière clandestine", a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision France 2.
Depuis juillet, la police française est chargée au sujet de l'Arche de Zoé d'une enquête de suspicion d'activité d'intermédiaire en vue de l'adoption ou du placement de mineurs, auprès de familles françaises.
Les ONG et agences de l'ONU présentes dans l'est du Tchad pour assister quelque 236.000 réfugiés du Darfour et 173.000 déplacés tchadiens ont également pris leurs distances avec l'association.
L'Unicef a assuré que les enfants étaient en "excellente santé", que la plupart étaient originaires du Tchad et que rien ne prouvait qu'ils étaient orphelins.
Source AFP
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Rama Yade à Paris le 22 juin 2007 (© AFP/Archives - Jean Ayissi)
Tags : enfants, abeche, tchad, operation, france
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